Projections du trait de côte - Données, méthodes, incertitudes et pistes de solutions

publié le 26 octobre 2023

Webinaire technique RNOTC n°1 - 30 mai 2023

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Les projections de l’évolution du trait de côte visent à anticiper la future position du trait de côte à une échéance donnée, en considérant les connaissances sur les dynamiques littorales, les positions actuelles et passées du trait de côte, les impacts d’évènements majeurs, les aménagements et les conséquences du changement climatique.

De nombreux verrous scientifiques existent toutefois, qu’ils concernent les données et marqueurs de trait de côte mobilisés, l’échelle temporelle considérée, les méthodes de projections mises en œuvre, la prise en compte de l’élévation du niveau de la mer, l’intégration de reculs majeurs évènementiels.

Ce webinaire technique a permis de présenter différents travaux de projections réalisés sur différents types de côtes en France et de partager des retours d’expérience sur les freins, leviers et incertitudes entourant ces exercices.

Éléments clés des échanges

Les observatoires locaux et régionaux disposent de nombreuses données pour réaliser des projections

Acquisitions topographiques Lidar, levés topographiques DGPS, levés bathymétriques, orthophotographies…. Il peut toutefois exister une forte hétérogénéité spatiale (précision, étendue) et temporelle (récurrence) entre les données.

Il existe une certaine convergence dans les méthodologies de projection utilisées

  • Le trait de côte de référence représente la base cartographique pour les projections. Différents marqueurs peuvent être utilisés en fonction des environnements (haut de falaise, pied de dune, pied d’ouvrage, limite de végétation, limite de jet de rive…). Les exercices de projections tentent sur cet aspect d’être en cohérence avec les études locales. La date du trait de côte de référence retenu dépend bien évidemment des données disponibles.
  • Le taux de recul moyen ou tendance moyenne d’évolution (Tx) (recul annuel * nombre d’années) est souvent basé sur une étude diachronique. Une correction ou un ajustement est possible à dire d’expert, afin d’homogénéiser le taux de recul par rapport à d’autres secteurs ou de vérifier la cohérence des résultats.
  • Le recul évènementiel (ou approche Lmax) permet la prise en compte du recul du trait de côte lié à un évènement majeur. Un recul supplémentaire lié à un évènement d’ampleur exceptionnelle est cartographié, ce qui présente l’avantage de limiter les risques de sous-évaluation de la zone d’aléa. Il peut être déterminé à partir des observations et données d’une tempête majeure récente (valeur mesurée) ou par expertise.
  • Les ouvrages peuvent faire l’objet de différents choix de scénarios : hypothèses de pérennité, de contournement ou d’effacement des ouvrages, notamment en fonction des échéances considérées et de la cohérence avec les choix locaux de gestion. Les types d’ouvrages pris en compte (ou non) sont aussi à déterminer (ex. ouvrages longitudinaux/transversaux, aménagements plus légers, etc.).
  • La prise en compte du changement climatique dépend des données disponibles et peut être réalisée selon différentes méthodes en fonction des types de côtes. Pour les côtes sableuses, la règle de Bruun est régulièrement utilisée. Pour les côtes rocheuses, des estimations de l’élévation du niveau de la mer sont généralement faites. Des modèles intégrant plus de composantes peuvent également être mobilisés.

Les incertitudes entourant les projections du trait de côte sont importantes et doivent être caractérisées

  • De nombreuses incertitudes entourent les exercices de projection, tant sur les données, les méthodes que sur les scénarios considérés. Certaines incertitudes sont quantifiables (ex. sur les données initiales), tandis que d’autres le sont moins (ex. impact du changement climatique, pondération entre un taux de recul théorique et des dires d’experts…). L’importance est de conserver une transparence sur les limites identifiées et de communiquer ces incertitudes aux partenaires et acteurs qui utiliseront ces projections.
  • La représentation cartographique des incertitudes peut être réalisée en présentant une enveloppe d’évolution possible ou une bande de vigilance plutôt qu’un simple trait de côte.

Plusieurs perspectives d’amélioration des connaissances peuvent être envisagées :

  • les connaissances sur les évolutions de certaines côtes au fonctionnement dynamique complexe (ex. côtes vaseuses, à mangroves) ;
  • l’intégration des interactions entre les phénomènes de recul du trait de côte et la submersion ;
  • la connaissance sur la prise en compte du changement climatique ;
  • la quantification des incertitudes.

Retrouvez les supports des interventions

OCNA : Caractérisation de l’aléa recul du trait de côte à horizon 2025-2050 à l’échelle de la côte Aquitaine (2016) et à échéance 2050 en Charente-Maritime (2021)
Intervention OCNA (format pdf - 3.1 Mo - 16/08/2023)

OdyC : Etudes de projection de la position du trait de côte aux horizons 2030 et 2040 sur les communes de Kourou (2018) et d’Awala-Yalimapo (2022) en Guyane
Intervention ODyC (format pdf - 3.1 Mo - 16/08/2023)

OR2C : Projections du trait de côte aux horizons 30 et 100 ans sur les cordons dunaires du Sud Vendée (accompagnement du Syndicat mixte du Bassin du Lay) (2023)
Intervention OR2C (format pdf - 1.4 Mo - 16/08/2023)

ROL Corse : Etude de l’évolution du trait de côte aux horizons 2040 et 2100 sur la Plaine orientale de Corse (2021)
Intervention ROL Corse (format pdf - 3.4 Mo - 16/08/2023)

DGALN/DEB/ELM2 - Bureau de la gestion des espaces maritimes et littoraux
observatoires-littoral.elm2.deb.dgaln@developpement-durable.gouv.fr

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