Suivis post-tempêtes : démarches et organisation de la remontée d’informations

publié le 13 septembre 2024 (modifié le 20 septembre 2024)

Webinaire technique RNOTC n°4 - 15 décembre 2023

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Les tempêtes peuvent induire des reculs du trait de côte particulièrement soudains et importants à l’image de celles qui ont frappé la façade atlantique à l’automne 2023 (tempêtes Céline, Ciaran et Domingos).

Ce webinaire technique a été l’occasion d’échanger sur l’organisation et le fonctionnement des suivis post-tempêtes au sein des observatoires. Les échanges ont abordé la manière d’organiser la remontée d’informations (mesures directes, mobilisation de bénévoles, réseaux de partenaires structurés), ainsi que le type de données transmises et analysées suite à des évènements tempétueux.

Comment faire remonter l’information post-tempête ?

Plusieurs observatoires ont structuré des « réseaux tempêtes » permettant de mobiliser divers partenaires qui font remonter l’information depuis le niveau local jusqu’au niveau régional.

  • L’observatoire de la côte Nouvelle-Aquitaine (OCNA) coordonne un réseau tempêtes constitué d’observateurs variés (services de l’Etat, mairies…) qui assurent la remontée d’informations concernant les impacts des tempêtes sur l’ensemble du linéaire régional.
Fonctionnement du réseau tempêtes de l’OCNA
1. Veille des prévisions avec l’outil Vigilance vagues-submersion de Météo-France, en association avec un dispositif de surveillance érosion des côtes sableuses.
2. Déclenchement du réseau d’observateurs lors d’un évènement tempétueux majeur.
3. Observation des impacts réalisées par les observateurs selon des protocoles spécifiés.
4. Bancarisation des informations dans une base de données tempêtes.
5. Restitution de l’information sur le site internet de l’OCNA.
  • Un réseau régional est également déployé en Occitanie. Il regroupe différents partenaires institutionnels et acteurs de terrain qui assurent le suivi de certains sites spécifiques. L’observatoire de la côte sableuse catalane (ObsCat) contribue à ce réseau participatif à son échelle en réalisant différents levés de terrain (suivis de points fixes, suivis photos et suivis caméras). Le réseau est activé automatiquement sur la base d’un modèle de houle dès le dépassement d’un certain seuil fixé à partir la connaissance historique des phénomènes tempétueux. Des bulletins sont par la suite produits à chaud dans les 24h et des bilans plus complets dans la semaine afin d’informer sur les impacts.
  • A l’échelle interrégionale de la Normandie et des Hauts-de-France, le réseau d’observation du littoral dispose aussi d’un réseau de sentinelles formées qui assurent la remontée d’information. Celles-ci contribuent via un formulaire de saisie disponible sur la plateforme du ROL. Les données suivent ensuite un circuit de validation avant d’être publiées sur une application cartographique.
  • S’inspirant des expériences des autres observatoires, l’observatoire régional des risques côtiers en Pays de la Loire (OR2C) est en cours de création d’un réseau tempêtes afin de mieux structurer la remontée d’informations et d’être à même d’obtenir une vision globale des différents impacts post-tempêtes à l’échelle régionale. L’idée est également de communiquer les informations post-tempêtes au grand public afin d’œuvrer au développement de la mémoire du risque. Ce réseau a vocation à rassembler les différents producteurs et diffuseurs de données (animateurs de PAPI, observatoires locaux, EPCI, établissements publics, chercheurs, services de l’Etat).

D’autres observatoires mobilisent des dispositifs participatifs et analysent les données remontées par les citoyens sur différents sites du territoire.

  • Dans le Morbihan, l’observatoire citoyen du littoral morhibannais (OCLM) s’appuie notamment sur le dispositif CoastSnap pour la remontée d’informations post-tempête. Lors des tempêtes automnales de 2023, la sollicitation de bénévoles et des appels à participation sur les réseaux sociaux (tout en conciliant le risque de mise en danger) ont permis de faire un état des lieux avant, pendant et après les tempêtes. La mobilisation proactive des bénévoles et des partenaires locaux ont permis de récolter de nombreuses données qualitatives.

D’autre part, l’OCLM mobilise également les bénévoles qui assurent des suivis bimensuels sur différents sites pour des suivis supplémentaires post-tempêtes. Des levés topographiques complémentaires des levés mensuels habituellement menés sur certaines plages sont également réalisés par l’observatoire dans les deux semaines suivant des tempêtes. Cette complémentarité de suivis citoyens, bénévoles et du personnel de l’observatoire permet de couvrir la quasi-totalité du littoral morbihannais lors de tempêtes.

  • L’OR2C mobilise également le dispositif CoastSnap pour les suivis post-tempêtes.

Les observatoires peuvent en outre avoir recours au déploiement direct de personnel dédié sur le terrain pour réaliser les relevés nécessaires sur certaines portions du linéaire côtier ou pour certains types de suivis spécifiques.

  • En Nouvelle-Aquitaine, les agents de terrain de l’ONF sont répartis sur différents tronçons de dunes domaniales lors du déclenchement d’alertes afin de renseigner des séries d’indicateurs précis grâce à leur expertise.
  • A Noirmoutier, l’observatoire du littoral des Pays de Monts peut mener un suivi post-tempête en une semaine sur les 20km de linéaire grâce à l’utilisation d’un quad pour les levés dgps.
  • Outre sa contribution au réseau tempêtes régional, l’ObsCat réalise des levés post-tempêtes spécifiques, notamment des levés photogrammétriques en autogyre afin de cartographier et caractériser les impacts sur l’ensemble du linéaire sableux. Les futurs levés seront réalisés en ULM en associant un levé lidar au levé orthographique.

Quelle information post-tempête faire remonter ?

L’information remontée dans le cadre des suivis post-tempêtes des observatoires regroupe à la fois des données quantitatives et qualitatives :

  • Donnés topographiques (MNT, MNS, profils de plage, photogrammétrie, traits de côte) via des relevés DGPS, lidar aéroporté ou drone ;
  • Expertise de terrain (ex. entailles dans les massifs dunaires) ;
  • Photographies de terrain (via le dispositif Coastnap, par des bénévoles ou réseaux de sentinelles) ;
  • Rapports écrits, articles de presse, mails ou appels.

Les observatoires peuvent être amenés à utiliser différents outils de remontée des informations afin de s’adapter aux types de données collectées sur le terrain. Par exemple, l’OCNA propose deux canaux principaux : une application mobile est disponible pour les informations quantitatives, tandis que les informations qualitatives peuvent être déposées sur un forum.

Un enjeu important se situe au niveau de la quantité de données remontées et de leur gestion et analyse. Les observatoires mènent ainsi une réflexion sur les outils à mettre à disposition afin de concilier la souplesse apportée par l’utilisation d’outils variés pour la remontée d’informations et le temps nécessaire consacré au traitement des données.

La fréquence des évènements tempétueux constitue un autre enjeu de taille pour les suivis post-tempêtes qui nécessitent un certain délai pour l’organisation des déploiements sur le terrain et la restitution des impacts post-tempêtes aux collectivités concernées.

Retrouvez les supports des interventions

ObsCat : Contribution au réseau tempête Occitanie et caractérisation des impacts par levé spécifique post-tempête.
Support à venir

OCNA : Le dispositif Réseau tempêtes de l’OCNA et son fonctionnement.
Intervention OCNA (format pdf - 4.3 Mo - 22/02/2024)

OCLM : L’organisation des suivis physiques et citoyens des impacts des tempêtes Céline, Ciaran et Domingos (oct.-nov. 2023).
Intervention OCLM (format pdf - 4.5 Mo - 22/02/2024)

OR2C : Suivis post-tempête : retour d’expérience sur les pratiques en Pays de la Loire.
Intervention OR2C (format pdf - 2 Mo - 22/02/2024)

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DGALN/DEB/ELM2 - Bureau de la gestion des espaces maritimes et littoraux
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